jeudi 7 août 2014

Reportage photo unique!


Bonjour à tous!

Comme vous le savez, je suis constamment à la recherche d'informations sur le beau métier de cirier. Malheureusement, le métier disparait peu à peu et il est de plus en plus difficile d'en parler, les "acteurs" se faisant rares.

J'ai récemment découvert le blog d'Elizabeth (Dans ma coquille) et son magnifique reportage photo sur le métier. Et bien oui, figurez-vous qu'Elizabeth est la belle-fille d'un ancien cirier! Elle a eu le privilège de voir son beau-père au travail. 

Le reportage photo étant en plusieurs parties sur le blog, je vous le retranscrit ici avec son accord

(ATTENTION! je le redis, le reportage photo qui suit ne m'appartient pas, il est le fruit du travail d'Elizabeth! ;)  )

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"Je vais vous parler d'un métier artisanal qui a fait vivre la famille de mon mari pendant 3 générations. Le dernier représentant de cette corporation a du disparaître face à la concurrence des machines, mais surtout à la diminution de la fréquentation de nos églises. L'activité s'est arrêtée il y un peu plus de 20 ans. Heureusement, avant cette fin inéluctable, j'ai fait un reportage photo de ce très beau métier. Je n'ai procédé à aucune retouche de mes photos. Il s'agit d'ailleurs d'argentique noir et blanc que mon photographe m'a transféré sur CD. Je vous les présente au format d'origine. A l'époque j'avais un très bel appareil photo (manuel), on ne retrouve plus cette qualité de grain, même avec un bon numérique.

PS : par respect pour sa mémoire et puisque je ne peux pas lui en demander l'autorisation... je brouille volontairement le visage de mon beau-père.


Il s'agit donc du métier de CIRIER, fabriquant de cierges et bougies, dont la fête est le jour de la Chandeleur (chandelle).

La photo du haut montre un support circulaire (la romaine) sur lequel on accroche les mèches. Pour que ces mèches puissent tenir, mon beau-père y faisait un noeud, c'était un travail qu'il faisait le soir devant la télé.

Cette romaine était réglable en hauteur de façon à faire des bougies (ou cierges) de différentes hauteurs. Certaine pièce servant à des processions nécessitait un escabeau. Je dois préciser qu'un cierge est conique (la base est plus large que le haut), contrairement à la bougie qui est du même diamètre sur toute sa hauteur.

Sous cette romaine, il y a une bassine reliée à un réchaud à gaz. La température est très sérieusement surveillée, toute la réussite du coulage en dépend. Ensuite à l'aide d'une cuillère, on fait couler la cire d'une main tandis que l'autre main tient la mèche en la faisant tourner entre ses doigts de façon à répartir régulièrement la cire dans l'épaisseur. Cette même main fait avancer la romaine pour passer d'une mèche à l'autre. L'opération peut durer des heures pour obtenir l'épaisseur souhaitée. Le cierge se fera naturellement puisqu'en refroidissant, la cire sera plus épaisse sur le bas de la mèche. Pour faire une bougie, il faut que la mèche présente un noeud à chaque extrémité pour pouvoir la retourner sur la romaine et ainsi alterner le sens de coulage. La cire sera ainsi régulièrement déposée de bas en haut et de haut en bas.



Ce qui m'avait beaucoup étonnée à l'époque, c'était d'apprendre que presque chaque église avait un diamètre de bougie. Il existait donc des gabarits permettant ainsi de répondre à la demande. En voici les principaux :


Pour rendre la bougie (ou le cierge) bien lisse, il faut la rouler. Après un bain tiède, additionné d'un produit permettant à la cire de rester blanche, chaque pièce est roulée avec un outil spécifique (j'ai oublié son nom). Ainsi les éventuelles aspérités ou bulles d'air disparaissent.


En ce qui concerne les cierges, ils sont souvent piqués sur un support. Pour rendre cela possible, la base du cierge doit être creux. Pour cette étape, les cierges sont placés dans un bain d'eau tiède afin de les ramollir. Ensuite chaque cierge est roulé permettant l'insertion d'une "perce". Cette étape se fait avec délicatesse car là aussi on doit atteindre un certain diamètre.


on commence par une petite perce et, suivant le diamètre de cire à creuser, on augmente la taille de la perce


la main droite maintient la perce tout en exerçant une légère pression, la gauche fait rouler l'ensemble.

Certaines manifestations religieuses étaient inconcevables sans les décorations appropriées. Les cierges et bougies en faisaient partie. Nous n'avons pas pu garder le dernier cierge de procession, beaucoup trop abîmé. Il faisait à peu près 5 m de haut pour une circonférence d'environ 50 cm, entièrement sculpté, doré et peint. Un travail minutieux qui demandait des heures et des heures de travail. Je n'ai pas pu le photographier, son état était vraiment miteux mais je suis contente d'avoir pu le regarder car il est difficile de se l'imaginer.

La cire, une fois ramollie, était travaillée pour faire ressortir des décors en relief, qui étaient ensuite dorés à l'or fin et quelquefois simplement peints. Voici quelques uns des outils qui permettaient cet art. Certains sont identiques à des tampons encreurs. Les motifs sont des scènes religieuses. Le matériaux utilisé est le buis qui est imputrescible. En effet, le travail se fait dans une atmosphère chaude et humide, une autre matière n'aurait pas résisté à ces conditions.


Ici il y a essentiellement des pinces. Chacune a un motif différent. Il suffit de pincer la cire molle pour faire ressortir le motif. Vous le travaillez en cercle pour obtenir une fleur ou en pourtour de la bougie pour faire une frise. Au sujet des autres outils présentés ici, mon beau-père ne se souvenait plus de leur utilité. Les fêtes religieuses grandioses ayant disparu, la technique en a fait de même.

Une fois les bougies coulées, roulées, percées, il faut leur faire une belle tête. A l'aide d'une réglette, la tête est moulée en cône. Il n'y a plus qu'à éliminer le surplus pour faire apparaître la mèche.


Mise en paquets pour être suspendus dans une pièce obscure afin de ne pas en altérer la blancheur.

L'organisation du travail était souvent par journée. A savoir, une journée entière de coulage puisque lorsque la température de la bassine était atteinte, il était plus judicieux de la maintenir pour plusieurs heures. A une époque le coulage se faisait à semaine entière (les parents de mon beau-père avaient 3 ouvriers). Il faut préciser que les bougies des églises étaient neuves à chaque office...!!! elles étaient donc reprises, fondues, filtrées et re-coulées....

Les bougies étaient donc mises en stock en attendant une commande. Ensuite venaient les étapes de roulage, perçage et étêtage. Pour que je puisse faire mes photos, mon beau-père m'a montré toutes ces tâches en une journée.

J'aime beaucoup cette photo, car si on ne sait pas de quoi il s'agit il est difficile de deviner le sujet. Ce sont donc les paquets suspendus vus du dessous.


Je termine donc ce mini reportage sur ce noble métier. En le faisant je souhaite surtout permettre à certain de le découvrir et à d'autre de s'en souvenir.

ma conclusion sera cette flamme issue d'une des dernières bougies de la famille (diam. 10 cm)."


Voilà pour ce magnifique reportage photo! Il est difficile de se rendre compte du travail qu'effectuaient les ciriers à l'époque, ces photos nous en apprennent plus grâce à Elizabeth et son beau-père. Personnellement, j'ai beaucoup aimé pouvoir voir les outils dont ils se servaient (ils n'en existent que très peu maintenant : vive les machines! grrrr)

J'espère que vous avez aimé ce reportage et que vous en avez appris quelque chose! N'hésitez pas à laisser vos commentaires ci-dessous et à aller voir le reportage d'Elizabeth directement sur son blog -> par